Bien qu’Ankara ne l’ait pas encore confirmé, certaines sources ont déclaré que la prise de Tall Rifaat est imminente, et que les négociations se poursuivent localement.
Ces dernières évolutions ont amené les analystes militaires à suggérer que Moscou cède délibérément le contrôle de la région, trahissant les YPG que la Russie protégeait jadis, dans le but d’empêcher la Turquie de se rapprocher des États-Unis.
Il est peut-être le signe le plus clair que les deux pays travaillent ensemble, en échangeant des territoires afin d’améliorer leurs positions stratégiques dans le pays.
Magdalena Kirchner, du Centre politique d’Istanbul, a déclaré que même s’il n’existait pas de preuves de ces contreparties entre les deux pays, le fait que les forces russes aient quitté Tall Rifaat quelques heures avant le début de l’opération, indique l’existence d’une coordination assez étroite et des négociations constants.
Les relations turco-russes : un rapprochement spectaculaire
Les relations entre la Turquie et la Russie ont énormément fluctué depuis que Moscou est intervenu dans la guerre syrienne en septembre 2015 pour soutenir le régime du président Bachar el-Assad, qu’Ankara avait juré d’aider à renverser.
En novembre de la même année, la Turquie a abattu un avion de chasse russe près de sa frontière avec la Syrie, où la Russie a réagi à l’attaque par des sanctions.
En juin 2016, le président turc, Recep Tayyip Erdoğan, a discuté avec son homologue russe Vladimir Poutine, concernant la chute de l’avion et les relations ont commencé à s’améliorer.
Depuis le début de l’année 2017, les deux pays, avec l’Iran, ont coopéré pour une tentative de parvenir à une fin politique du conflit en établissant des « zones de désescalade » dans toute la Syrie.
Le ciblage de Tall Rifaat par les forces turques cette semaine, pourrait être le signe que les deux parties sont intéressées également à leurs intérêts géopolitiques en vue de maintenir la paix.
Kerim Has, professeur de relations russo-turques à l’Université d’État de Moscou, a déclaré que d’autres signes en Syrie indiquaient qu’un arrangement non officiel, mutuellement bénéfique, avait été conclu entre les deux pays.
Cela a peut-être amené la Turquie à faciliter l’évacuation de la Ghouta orientale, près de Damas, à Idlib, au sud-ouest d’Alep.
Pendant ce temps, Moscou a discrètement permis aux forces turques d’aller de l’avant sans être contestées par une offensive militaire majeure dans le nord du pays.
L’opération Rameau d’Olivier a débuté le 20 janvier dans le but de nettoyer les groupes terroristes des YPG, PYD et PKK de la région.
Ainsi, la ville syrienne d’Afrin a été prise sous le contrôle des forces turques le 18 mars.
La Turquie a toujours présenté l’opération Rameau d’Olivier comme une offensive contre les terroristes appartenant aux Unités de protection du peuple (YPG) affiliées au PKK. Plus de 3 500 terroristes ont été neutralisés.
Le feu vert de la Russie pour l’opération Rameau d’Olivier et le recul provisoire de la Turquie sur la Ghouta orientale montrent certains des paramètres dans le processus de négociation.
Tall Rifaat, situé à 13 miles au sud-est d’Afrin, a été un centre logistique important pour les terroristes des YPG. C’était l’une des dernières zones contrôlées par les YPG et comprenait une base aérienne russe.
L’armée turque coopère étroitement avec la Russie pour évincer les YPG de sa frontière
L’armée turque avait récemment utilisé son compte Twitter pour affirmer que la population de Tall Rifaat voulaient que les forces armées turques éliminent les organisations terroristes locaux.
Ömer Özkıcılcık, un analyste de la Fondation du Moyen-Orient à Ankara a déclaré qu’au début la Russie avait fait des efforts significatifs pour impliquer les YPG dans une alternative politique à la guerre.
Il a déclaré que Moscou avait renoncé à cette approche lorsqu’il est apparu que les États-Unis formaient 30 000 personnes, y compris des éléments des YPG, pour sécuriser la frontière syrienne, une décision qui a rendu Ankara furieuse. En effet, les États-Unis nient que les YPG et le PKK sont étroitement liés.
Mardi, le président turc Erdoğan et son homologue russe Vladimir Poutine ont discuté des projets d’un sommet syrien qui se tiendra à Ankara la semaine prochaine. L’Iran assistera également à la réunion.
Contrairement à la majorité de la communauté internationale, la Turquie a déclaré qu’elle n’avait pas l’intention d’expulser les diplomates russes suite à l’affaire Skripal en Grande-Bretagne au début du mois de mars.
Tous ces événements sont la preuve d’une coopération forte et évolutive entre la Turquie et la Russie.
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