De tout temps, le fait de douter est considéré comme étant un signe d’indépendance intellectuelle au risque de susciter le courroux des autorités. Il est assimilé à la réelle liberté, celle de penser par soi-même, si ce n’est d’être le maître de son destin.
Le fait de douter, c’est ne pas se conformer à un moule. Le fait de douter, c’est remettre en question le paradigme ambiant. Le fait de douter est une remise en question permanente pour ne pas devenir sciemment du bétail panurgien.
Or la situation actuelle des élections en Turquie n’échappe pas à cette règle. Depuis maintenant une décennie et demi, la Turquie est gouvernée par l’AKP.
La question est de savoir les raisons pour lesquelles Erdoğan et son parti sont gagnants à chaque reprise.
Car c’est bien en se posant les bonnes questions qu’on arrive à des éléments de réponse concrète.
Il suffit de lire l’article droit-de-réponse au Point d’Öznur Küçüker Sirene pour comprendre à la fois la mauvaise foi journalistique qui habite cet hebdomadaire maintes fois condamné par la justice, mais également la réalité turque selon l’angle d’une turque qui ne crache pas sur son pays (car ce sont bien des Turcs qui critiquent la Turquie en permanence qui sont médiatisés dans l’Hexagone).
De ce fait, critiquer Erdoğan serait un signe d’intelligence si on se réfère à nos dires précédents. Le fait d’être dans la systématisation de la critique systématique n’est-il pas aussi un signe d’abrutissement tout aussi pathogène, si ce n’est pire?
Comme dit précédemment, soutenir Erdoğan même dans ses erreurs ne serait pas signe d’intelligence. Tout le monde fait des erreurs. L’erreur étant le propre de l’humain et il nous incombe de les dénoncer.
Néanmoins, c’est bien en étant honnête intellectuellement, en prenant compte des tenants et des aboutissants des enjeux de ce scrutin et surtout, en ne faisant pas preuve d’une amnésie profondément pathologique qu’on arrivera non sans mal à comprendre l’avancée fulgurante de la Turquie sur la scène internationale à la fois politiquement, culturellement et économiquement. De quoi susciter les pires convoitises.
Le rêve de faire tomber cette Turquie, au mieux de l’asservir « à l’ancienne » serait le rêve de beaucoup.
Nous terminerons, pour ceux qui aiment les références religieuses, à une anecdote on ne peut plus interessante.
Un des élèves de l’Imam Chafii lui demanda un jour :
—« Comment allons-nous voir celui qui est dans le Haqq (la Vérité) pendant la période de la grande Fitna? »
—« Suivez les flèches tirées par l’ennemi. Ces dernières vous mèneront à celui qui est dans la Vérité. »
On peut comprendre dès lors l’entièreté de la problématique qui peut se résumer, lorsqu’on prend du recul, à la fois sur la Turquie et dans le Monde, à un réel combat du Bien contre le Mal.
Une fois de plus, pour les amoureux de la démocratie, il ne nous restera plus qu’à de féliciter le vainqueur de ce jour.
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